February 2007 - Benzine

On se souvient que l’an passé, tout le monde avait joué au jeu de celui qui en ferait le plus sur le nouvel album de Sparklehorse. Un disque pourtant d’une insignifiance rare et d’un irrespect total envers son auditoire. Mais les médias traditionnels suivent parfois des raisonnements qui nous échappent.

Quelques mois avant ce Dreamt For Light Years In The Belly of a Mountain, un groupe au nom anodin et qui ne paye pas forcément de mine avait sorti son second opus, Winterset, dans une indifférence quasi-générale. Et pourtant, il aurait fallu s’y arrêter. Et plutôt deux fois qu’une.

Groupe mondialisé par excellence, Templo Diez n’a pas vraiment de port d’attache. Un peu de Venezuela (Gloribel Hernàndez aux claviers et à la basse voire au chant, avec une voix d’une beauté transcendante), un brin d’Italie (Paolo Panza, en charge notamment de la batterie et du xylophone), un soupçon de Pays-Bas (Leejon Verhaeg à la guitare) et même un poil d’hexagone avec Pascal Hallibert, présent à la guitare, au chant et aux claviers. Et l’ouverture musicale du groupe se ressent tout au long du disque, avec des chants en anglais, en espagnols voire même en arabe, mais surtout par une atmosphère qui confère au voyage plus qu’à l’isolement.

Ce disque, assez long (et c’est peut-être là l’unique petit bémol que l’on pourrait émettre), aux ambiances rêveuses, est en fait le disque que l’on aurait aimé que Mark Linkous, au lieu de s’assoupir sur ses derniers succès, sorte. Qu’il ose sortir un disque aussi beau. Qu’il ait la classe et l’envie de pondre de si beaux titres, très lancinants et très noirs mais d’une qualité certaine (l’excellent Sparkle), tous quasiment « habités ».

Car oui, c’est une évidence, il y a du Sparklehorse dans ce disque. Mais du bon Sparklehorse. Celui d’il y a quelques années, avec ses morceaux torturés, cette production pleine de reverbs, cette voix dissimulée derrière quelques effets plein de crachins et de distorsion.

Il n’en reste pas moins que l’on est heureux comme tout que ce disque là, ce soit Templo Diez qui l’ait sorti. Un groupe attachant et talentueux qui, avec Winterset, compose ni plus ni moins, comme ils le disent eux-mêmes, "a soundtrack for your daydreams".

(Olivier Combes)

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