December 2009 - Autres Directions

Définitivement nomade, le groupe cosmopolite Templo Diez fait paraître son nouvel album et dernier volet d’une trilogie commencée en 2003 par ses propres moyens. Depuis son port d’attache de La Hague, le groupe emmené par Pascal Hallibert, marque ici une très sensible inflexion folk et une certaine ambition gothique qu’on n’avait pas décelée jusqu’alors, en laissant une large place au violon et au chant féminin. Des influences résolument américaines (confortées par leurs multiples tournées en Amérique du Nord) palpables dès On Our Way, le morceau d’ouverture, qui rappelle ainsi énormément Tarnation. Une marque féminine accrue pour le sextet, Pascal Hallibert se mettant régulièrement en retrait pour interpréter ses compositions, lui qui signe pourtant une nouvelle fois l’intégralité de l’album. Le chant alterne ainsi presque systématiquement féminin/masculin d’un morceau à l’autre et Merced parait de prime abord bien moins rock et plus apaisé que son prédécesseur (l’excellent Winterset - 2006). Templo Diez délivre même dès la seconde plage une belle chanson éplorée, After Hours qui évoque The Christians ( !), tandis que d’autres chansons prennent l’allure conventionnelle d’une folk appliquée jouée avec retenue : piano et violon mis en avant, chant féminin désincarné, guitare slide, batterie discrète (mais pas avare en jeu de balais). En fait, il faut attendre la moitié de l’album pour que la tension remonte significativement sur Shine At Last, dont l’ambiance orageuse fait écho au visuel, évoquant une pluie tropicale. Là, le groupe se lance dans un folk-rock beaucoup plus épineux, oubliant enfin son application et sa retenue. Foin de démonstration technique, c’est dès lors l’émotion qui reprend le dessus, donnant toute sa mesure sur War From Long Gone Days et Void. Voix et violons sont alors sévèrement ébranlés par des guitares menaçantes, la mélodie est moins policée, se faisant bourdonnante, le piano est martelé. Templo Diez (re)devient alors un groupe flamboyant, capable de se consumer sur place et ainsi susciter la ferveur.

(Denis)

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