October 2024 - A Decouvrir Absolutement

Dans une série autour des multiples participants des compilations ADA (série que nous devrions réanimer), nous parlions de la plongée dans l’œuvre de Templo Diez comme de s’ouvrir à un trésor insoupçonné. C’est que depuis 25 ans le groupe néerlandais emmené par Pascal Hallibert n’a eu de cesse que de se renouveler, sans jamais changer de style. Après cinq albums, quatre participations à des compilations ADA (dont la première, rien pour cela l’attache sera pour l’éternité), Templo Diez revient avec Sunland. Le titre nous annonçait une sortie de notre marasme automnale qui nous plonge depuis des semaines dans un film de David Fincher. Mais Pascal nous invite dans le Sunland du nom d’une ville fantôme située en Californie. Si la lumière est là, la chaleur semble nous plomber sur le sol et arracher de nous que des complaintes, car Sunland est un disque presque crépusculaire, des aspirations presque gothiques se fracassant contre ces guitares qui si elles ne changent pas, lorgnent de plus en plus vers le slowcore d’un groupe comme Low. Revenu à sa version originelle (en trio), le disque fut composé pendant cette sinistre pandémie figeant le temps. On se retrouve comme dans un grimoire des grandes et petites histoires de l’Amérique, celles des villes en perdition, des saloons sordides, des longues routes qui ne semblent être les rails de la roue d’une souris en cage. Pas de jugement, mais la traduction en musique de ces histoires perdues ou rêvées, influencées par les lectures, les films, ceux que nous écoutons, mais que nous ne regardons pas. Sunland est une proposition de dépaysement, au milieu des spectres, des bruits de caméra super huit, de jingle improbable de radio locale, de sable fouettant la carrosserie d’une grande berline patinée, un condensé de l’Amérique loin des clichés, proche des déserts habités par les fantômes. Sunland est une ville morte, mais merci à Templo Diez d’exister.

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